Mendelssohn a composé de très nombreuses œuvres pour chœur, tant dans le domaine de la musique sacrée (oratorio, motets) que dans celui des chansons a capella sur les poèmes qu’il affectionnait. C’est bien souvent le thème très romantique de la nature et de son adéquation avec les passions humaines qui est évoqué.

Partition des 6 Lieder

Im Walde (Platen)

Ici, Mendelssohn utilise la forme populaire de la chanson en servant de la même musique sur les trois strophes que comporte le poème de August Graf von Platen (1796 – 1835)

Ihr Vögel in den Zweigen schwank,
Wie seid ihr froh und frisch und frank,
Und trillert Morgenchöre.
Ich fühle mich im Herzen krank,
Wenn ich’s von unten höre.

Ein Stündchen schleich’ich bloss heraus
In euer lustig Sommerhaus,
Und muss mich dess beklagen.
Ihr lebet stets in Saus und Braus,
Seht’s nachten hier und tagen.

Ihr sucht der Bäume grünes Dach,
Der Wiese Schmelz, den Kieselbach,
Ihr flieht vor Stadt und Mauer,
Und lasst die Menschen seufzen, ach !
In ihrem Vogelbauer.

Vous, les oiseaux dans les branches flexibles,
comme vous êtes gais et entraînants et francs,
et gazouillez des choeurs matinaux.
Je me sens malade au fond du coeur,
Quand je les entends d’en bas.

Pour une petite heure seulement je m’échappe au-dehors,
dans votre joyeuse maison d’été,
et je dois m’en lamenter ;
vous vivez toujours dans l’insouciance et le plaisir,
que ce soit la nuit ou le jour.

Vous recherchez le toit vert des arbres,
l’émail des prés, le ruisseau plein de galets,
vous fuyez ville et muraille,
et laissez les hommes soupirer : Ah !
dans leurs cages à oiseaux.

Drei Volkslieder (Heine)

a) Entflieh’ mit mir

Entflieh mit mir und sei mein Weib,
Und ruh’ an meinem Herzen aus ;
In weiter Ferne sei mein Herz
Dir Vaterland und Vaterhaus.

Und fliehst du nicht, so sterb’ ich hier
Und du bist einsam und allein ;
Und bleibst du auch im Vaterhaus,
Wirst doch wie in der Fremde sein.

Fuis avec moi et sois ma femme,
Et repose sur mon coeur.
Dans le lointain, que mon coeur soit
pour toi patrie et maison paternelle.

Si tu ne fuis pas, je mourrai ici,
et tu seras seule et abandonnée,
et même si tu restes dans la maison paternelle,
tu y seras comme au loin.

b) Es fiel ein Reif

Es fiel ein Reif in der Frühlingsnacht,
Er fiel auf die bunten Blaublümelein :
Sie sind verwelket, verdorret.

Ein Jüngling hatte ein Mädchen lieb ;
Sie flohen heimlich von Hause fort,
Es wußt’ weder Vater noch Mutter.

Sie sind gewandert hin und her,
Sie haben gehabt weder Glück noch Stern,
Sie sind gestorben, verdorben.

Une gelée blanche s’est déposée dans la nuit de printemps,
elle est tombée sur les chatoyantes petites fleurs bleues,
elles sont fanées, desséchées.

Un jeune homme aimait une jeune fille,
ils ont fui en secret de chez eux,
ne le savaient ni père ni mère.

Ils ont marché par ici et par là,
ils n’ont eu ni chance ni bonne étoile,
ils sont morts, perdus.

c) Auf ihrem Grab

Auf ihrem Grab, da steht eine Linde,
Drin pfeifen die Vögel und Abendwinde,
Und drunter sitzt, auf dem grünen Platz,
Der Müllersknecht mit seinem Schatz.

Die Winde weh’n so still und so schaurig,
Die Vögel singen so süß und so traurig :
Die schwatzenden Buhlen, sie werden stumm,
Sie weinen und wissen selbst nicht warum.

Sur leur tombe, il y a un tilleul,
dedans sifflent les oiseaux et les vents du soir,
et en-dessous est assis, sur la verdure,
le compagnon meunier avec sa bien-aimée.

Les vents soufflent si doucement et de façon si inquiétante,
les oiseaux chantent si joliment et si tristement,
les amants bavards, ils se taisent,
ils pleurent, et ne savent eux-mêmes pas pourquoi.

Mailied (Hölty)

Der Schnee zerrinnt,
Der Mai beginnt,
Und Blüten keimen
Auf Gartenbäumen,
Und Vogelschall
Tönt überall.

Pflückt einen Kranz
Und haltet Tanz
Auf grünen Auen,
Ihr schönen Frauen,
Wo grüne Mai’n
Uns Kühlung streu’n !

Wer weiß, wie bald
Die Glocke schallt,
Da wir des Maien
Uns nicht mehr freuen !
Wer weiß, wie bald
Die Glocke schallt !

Drum werdet froh,
Gott will es so !
Der uns dies Leben
Zur Lust gegeben !
Genießt der Zeit,
Die Gott verleiht.

Le mois de mai commence,
la neige fond et s’écoule,
et des fleurs éclosent
sur les arbres des jardins
et le chant des oiseaux
résonne partout.

Cueillez des fleurs et tressez une couronne,
et faites une danse
sur les vertes prairies,
Vous, les belles dames !
lorsque le jeune mai
nous rafraîchit.

Qui sait quand, bientôt,
le glas sonneras,
quand nous de mai
ne jouirons plus !
Qui sait quand, bientôt,
le glas sonneras !

Donc, soyez joyeux !
Dieu le veut,
lui qui cette vie,
pour que nous en jouissions, nous a donnée.
Jouissez du temps
que Dieu accorde !

Auf dem See (Goethe)

Und frische Nahrung, neues Blut
Saug ich aus freier Welt :
Wie ist Natur so hold und gut,
Die mich am Busen hält !

Die Welle wieget unsern Kahn
Im Rudertakt hinauf,
Und Berge, wolkig himmelan,
Begegnen unserm Lauf.

Aug, mein Aug, was sinkst du nieder ?
Goldne Träume, kommt ihr wieder ?
Weg, du Traum ! so gold du bist :
Hier auch Lieb und Leben ist.

Et une fraîche nourriture, un sang nouveau
j’aspire du monde où je suis libre :
Comme Nature est douce et bonne,
elle qui me tient sur son sein !

La vague berce notre barque,
au rythme des rames, en la soulevant,
et des montagnes, couvertes de nuages en montant vers le ciel,
rencontrent notre course.

Oeil, mon oeil, pourquoi te baisses-tu ?
Rêves dorés, revenez-vous ?
Va-t-en, rêve, si doré que tu sois :
ici aussi sont l’amour et la vie.