Une école de musique & de chant

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Brahms – Drei Gesänge op. 42

L’ensemble de trois chansons profanes est composé autour de l’année 1860. Les textes des deux premières pièces sont tirés de poèmes allemands du début du XIXeme siècle. Le texte de la troisième pièce (“Darthulas Grabesgesang” : “Chant funèbre de Darthula”) est quand à lui adapté d’un ancien poème celte.

La partition est à six voix, trois pour hommes et trois pour femmes.

Partition

1. Abendständchen

Hör, es klagt die Flöte wieder,
Und die kühlen Brunnen rauschen,
Golden wehn die Töne nieder,
Stille, stille, laß uns lauschen!

Holdes Bitten, mild Verlangen,
Wie es süß zum Herzen spricht!
Durch die Nacht die mich umfangen,
Blickt zu mir der Töne Licht.

1. Sérénade

Écoute, la flûte émet à nouveau des sons plaintifs,
Et les fontaines fraîches bruissent,
Les sons d’or retombent;
Silence, silence, laisse-nous écouter !

Charmantes prières, tendres désirs,
Comme cela parle doucement au cœur !
À travers la nuit qui m’entoure
La lumière des sons me regarde.

2. Vineta

Aus des Meeres tiefem, tiefem Grunde
klingen Abendglocken, dumpf und matt.
Uns zu geben wunderbare Kunde
von der schönen, alten Wunderstadt.

In der Fluten Schoß hinabgesunken,
blieben unten ihre Trümmer stehn.
Ihre Zinnen lassen goldne Funken
widerscheinend auf dem Spiegel sehn.

Und der Schiffer, der den Zauberschimmer
einmal sah im hellen Abendrot,
nach der selben Stelle schifft er immer,
ob auch ringsumher die Klippe droht.

Aus des Herzens tiefem, tiefem Grunde
klingt es mir wie Glocken, dumpf und matt.
Ach, sie geben wunderbare Kunde
von der Liebe, die geliebt es hat.

Eine schöne Welt ist da versunken,
ihre Trümmer blieben unten stehn,
lassen sich als goldne Himmelsfunken
oft im Spiegel meiner Träume sehn.

Und dann möcht ich tauchen in die Tiefen,
mich versenken in den Wunderschein,
und mir ist, als ob mich Engel riefen
in die alte Wunderstadt herein.

2. Vineta

Du plus profond de la mer
Des cloches vespérales résonnent, sourdes et faibles,
Et nous relèvent la présence merveilleuse
De la vieille et splendide cité enchantée

Englouties au sein des flots,
Ses ruines sont encore dressées.
Ses créneaux laissent des étincelles d’or
Resplendir à la surface de l’eau.

Et le marin, qui a vu le scintillement magique
Un jourdans la lumière claire du soleil couchant,
Navigue ensuite toujours vers le même endroit,
Même si les écueils menacent alentour.

Des profondeurs de mon cœur
Résonne sourdement et faiblement comme des cloches.
Ah, elles révèlent l’existence merveilleuse
De l’amour qui fut le sien.

Un monde splendide y est englouti,
Ses ruines y sont encore dressées;
Ils laissent souvent des étincelles d’or
Scintiller sur le miroir de mes rêves.

Et je voudrais plonger dans les profondeurs,
Me noyer dans le reflet merveilleux,
Et il me semble que les anges m’appellent Dans la vieille cité enchantée.

3. Darthulas Grabesgesang

Mädchen von Kola, du schläfst!
Um dich schweigen die blauen Ströme Selmas!
Sie trauren um dich, den letzten Zweig
von Thruthils Stamm!

Wann erstehst du wieder in deiner Schöne?
Schönste der Schönen in Erin!
Du schläfst im Grabe langen Schlaf,
dein Morgenrot ist ferne!

Nimmer, o nimmer kommt dir die Sonne
weckend an deine Ruhestätte: “Wach auf!
Wach auf, Darthula!
Frühling ist draußen!

“Die (lauen) Lüfte säuseln,
Auf grünen Hügeln,  holdseliges Mädchen,
Weben die Blumen!
Im Hain wallt sprießendes Laub!”

Auf immer, auf immer, so weiche denn, Sonne,
Dem Mädchen von Kola, sie schläft!
Nie ersteht sie wieder in ihrer Schöne!
Nie siehst du sie lieblich wandeln mehr.

3. Chant funèbre de Darthula

Fille de Kola, tu reposes !
Autour de toi les fleuves bleus de Selma se taisent !
Ils te pleurent, toi la dernière
de la race des Thruthil.

Quand renaîtras-tu dans ta beauté ?
Toi la plus belle des belles d’Erin !
Tu dors du long sommeil de la tombe,
loin est ton aurore !

Plus jamais, le soleil ne viendra
t’éveiller à ta demeure : « ouvre les yeux !
Réveille-toi, Darthula !
Le printemps est là !

Les brises murmurent doucement
sur les vertes collines, gracieuse jeune fille,
les fleurs s’agitent !
Dans les bois frémissent les jeunes feuilles !»

Éloigne-toi à jamais, soleil,
de la fille de Kola qui dort !
Elle ne renaîtra plus jamais dans sa beauté !
Tu ne la verras plus jamais se promener gracieusement.

Source

Dubois – Messe de la délivrance

Éléments biographiques

Théodore Dubois (1837-1924) est  contemporain de Gabriel Faure et de Camille Saint-Saëns. Il est comme eux une figure éminente de la vie musicale française dans toute la seconde moitié du 19ème siècle.

Théodore Dubois est né dans l’Indre et issu d’un milieu très modeste. Très jeune, il fait rapidement preuve de bonnes dispositions pour la musique.  Il montre aussi une étonnante capacité de travail qu’il exploita durant une longue vie entièrement dédié à son art. Après des études musicales commencées à Reims, il intègre le conservatoire de Paris. Il obtient tous les premiers prix avant de remporter en 1861 le premier Grand Prix de Rome de composition. Théodore Dubois devient organiste à la Madeleine. Il assurera également à partir de 1896 et pendant dix ans la fonction de directeur du conservatoire de Paris. A partir de 1905, il mènera une vie plus calme, dédiée à la composition et à l’édition de ses œuvres. Il meurt en 1924.

Théodore Dubois est toujours resté fidèle à un art musical issu de la tradition romantique et fermement ancré dans le XIXème siècle. Le langage de ce compositeur alors âgé de 60 ans  n’a pas suivi les bouleversements apparus au début du XXème siècle. C’est cela qui explique que, au temps de Ravel et de Debussy, on ait boudé sa musique. Elle a en effet progressivement disparu des programmes de concerts jusqu’à tomber dans l’oubli, hormis une toccata pour orgue et un oratorio : “les Sept paroles du Christ”.

Pédagogue reconnu, il a laissé un célèbre Traité d’harmonie qui est encore une référence de nos jours. On observe cependant un mouvement de redécouverte de ce compositeur et parmi une œuvre riche de plus de 500 compositions. Parmi elles certains véritables chefs d’œuvres restent encore à faire entendre.

A propos de la messe de la délivrance

Lorsque la 1ère guerre mondiale éclate en 1914, Théodore Dubois est âgé de 67 ans. Il est alors retiré de la vie publique depuis plusieurs années. Il va vivre la Grande Guerre de l’intérieur et va tenir presque quotidiennement un journal assez précis. Le 22 juin 1918 on y trouve cette mention :

“Je travaille un peu à une messe dont la première audition aurait lieu à la cathédrale d’Orléans, si nous sommes vainqueurs. Son titre serait : Messe de la délivrance. Que Dieu m’inspire et veuille que ce soit bientôt”

La délivrance fait autant référence à la délivrance du pays qu’au fêtes de la délivrance qui ont lieu tous les ans à Orléans lors des fêtes Johanniques.

L’écriture de l’œuvre commence à Terrasson, en Dordogne, et s’achève le 12 décembre 1918 à Paris, peu de temps après l’armistice. Le style de cette messe est proche de celui de ses Oeuvres des années 1880-1890. C’est un style très classique et comme un héritage des grandes messes viennoises de Schubert.

Outre l’ordinaire de la messe latine, Théodore Dubois ajoute deux mouvements de circonstance :

  • une entrée brillante de cuivre composée sur le texte du Cantique de Judith (bien de circonstance)
  • un hymne en hommage à la république (Domine Salvam fac Rempulicam)

La messe sera créée à la Cathédrale d’Orléans le 8 mai 1921 à l’occasion de l’anniversaire de la Délivrance d’Orléans par Jeanne d’Arc (8 mai 1429) et redonnée à l’église de la Madeleine le 22 novembre 1922, moins de deux ans avant le décès du compositeur, à plus de 80 ans.

Saint-Saëns – Ave verum

Cette oeuvre a été composée entre 1860 et 1865 lorsque le compositeur était organiste à l’église de la Madeleine à Paris.

Partition

Ave, verum corpus
Natum de Maria Virgine :
Vere passum, immolatum
In cruce pro homine :
Cuius latus perforatum
Unda fluxit cum sanguine :
Esto nobis praegustatum,
In mortis examine.
Amen
Salut Vrai corps
Né de la Vierge Marie
Ayant vraiment souffert et qui fut immolé
Sur la croix pour l’homme
Toi dont le côté transpercé
Laissa couler l’eau et le sang
Sois pour nous un réconfort
Dans l’heure de la mort.
Amen

Strauss – Trüb blinken nur die Sterne

On peu trouver, parmi les œuvres de jeunesses du compositeur, sept chœurs a capella dédiés à son bien-aimé père. Strauss a tout juste 16 ans et utilise déjà un langage très expressif. Il met en œuvre tous les moyens à sa disposition pour peindre l’atmosphère mélancolique du poème d’Adolf Böttger (1816 – 1870)

Trüb blinke, nur die Sterne,
wohin das Auge sieht,
wenn unser Liebstes fern
zur kalten Fremde zieht.

Die Herzen, die entbrennen
in liebesel’ger Lust,
empfinden erst beim Trennen
die Öd’ in ihrer Brust.

Frühling und Rose küssen
und kosen sich nicht satt,
ach ! Wenn sie scheiden müssen
fällt traurig Blatt auf Blatt.

Les étoiles brillent, tristement,
aussi loin que le regard se porte
quand notre amour s’en va
dans un lointain froid.

les coeurs qui s’enflamment amoureusement,
ne ressentent un vide
dans leur poitrine
qu’au moment de la séparation.

Printemps et rose, de s’embrasser
Et de déguster, ne se lassent pas,
Ah – quand il faut se quitter,
Tombent tristement, les feuilles.

Schubert – Terzetto D80

Cette oeuvre de Schubert date de 1813 : le jeune Franz a alors 16 ans et il compose (poème et musique) cette courte cantate pour guitare et choeur d’hommes en l’honneur de la fête de son père, qu’il affectionnait tant.

Schubert étant lui même guitariste, cette cantate a été donnée par le jeune compositeur à la guitare accompagnant ses frères qui ont chantés les parties de choeur. Cette courte pièce a le mérite de nous faire découvrir un aspect bien moins connu de la musique de Schubert.

Partition Basse

Partition Tenor

Ertöne Leier
Zur Festesfeier !
Apollo steig’ hernieder,
Begeistre uns’re Lieder.

Lange lebe unser Vater Franz !
Lange währe seiner Tage Chor !
Und im ewig schönen Flor
Blühe seines Lebens Kranz.

Wonnelachend umschwebe die Freude
Seines grünenden Glückes Lauf.
Immer getrennt vom trauernden Leide,
Nehm’ ihn Elysiums Schatten auf.

Endlos wieder töne, holde Leier,
Bringt des Jahres Raum die Zeit zurück,
Sanft und schön an dieser Festesfeier.
Ewig währe Vater Franzens Glück !

Lyre, résonne
Pour célébrer cette fête !
Apollon descends ici-bas,
Anime nos chants.

Longue vie à notre père Franz !
Que longtemps dure le choeur de ses jours !
Et dans une floraison d’une beauté éternelle
Fleurira la couronne de sa vie.

Riante de plaisir, que la joie environne
Le cours de son bonheur verdoyant.
Pour toujours séparé de la douleur et du deuil,
Que l’ombre des Champs-Elysées l’accueille !

A l’infini résonne à nouveau, douce lyre,
Quand la course de l’année ramène ce moment,
Douce et belle en cette célébration de fête.
Qu’éternel soit le bonheur de notre père Franz !

Rodrigo – Dos canciones sefardies

1. Malato está el hijo del rey

Malato está el hijo del rey
Malato que non salvaba,
siete doctores lo miran,
los mejores de Granada.

Cien ya suben, cien ya baxan,
ninguno le hase nada.

Le fils du roi est malade,
D’une maladie que ne soigne pas,
sept docteurs qui l’on osculté,
les meilleurs de Grenade.

2. El rey que muncho madruga

El rey que muncho madruga,
onde la caza.
el rey que muncho madruga !
Le roi qui se levait tôt,
pour aller à la chasse.
Le roi qui se levait tôt !

Mi abuelito tenia un huerto

Le genre de la chanson populaire harmonisée a été très en vogue à partir de la fin du 19ème siècle jusqu’au milieu du 20ème siècle. En effet, de nombreux compositeurs ont ressenti le besoin de renouveler leur langage musical par un retour à plus de simplicité, permettant ainsi l’utilisation de sources musicales anciennes et authentiques.

Mi abuelo tenía un huerto,
que criaba muchos nabos

También tenía un borrico
que llevaba al mercadoEn medio del camino
le salieron los gitanos

Le robaron el borrico
y le dejaron los nabos

Mon grand-père possédait un champ
dans lequel poussaient de nombreux navetsIl possédait aussi un âne
qu’il conduisait au marché

Au milieu du chemin
des gitans surgirent

Ils lui volèrent son âne
Et lui laissèrent ses navets.

Il existe trois autres chants populaires espagnols de régions différentes arrangées par le même auteur (et édités la même année, en 1964) :

“Agora non, miu neñu” : canción de cuna popular (Extremadura)

“Al lado de mi cabaña” : canción popular (León)

“Molo-molondrón” : canción popular (Santander)

Mozart – Canon à 6 : “Wo der perlende Wein”

Nous avions chanté jusqu’à présent ce canon dans une version du texte non authentique de Fritz Jöde, publiée en 1925 et destinée aux jeunes chanteurs. (Sib Majeur)

  • Heil dem Tag, dem die Nacht erlag,
  • der lichte Sonnenschein erwecket Flur und Hain.

 

  • Gloire au jour qui a chassé la nuit,
  • la lumineuse clarté du soleil a réveillé les champs et les bosquets.

Mais c’est en consultant la première édition de ce canon que j’ai compris la raison de cette traduction. En effet il était impossible de faire chanter à des enfants le texte original qui est en fait une joyeuse chanson à boire…

  • Wo der perlende Wein im Glase blinkt,
  • da lasst uns weilen.

 

  • C’est là où le vin pétillant scintille dans le verre,
  • qu’il nous faut rester.

Cependant, il est à noter que Mozart a écrit ce canon en Ré majeur pour 2 voix de soprano et 4 voix de ténor sans aucun texte.

Le texte de la première édition, parue un an après la mort de Mozart, en 1792, a été écrit par l’éditeur Breitkopf.

Il existe également un troisième texte pour ce canon (!!!) écrit par Ludwig Ritter von Köchel, auteur du célèbre catalogue des œuvres de Mozart : “Laßt uns ziehn, wo die volle Beere schwillt”

Vous pourrez écouter ce canon dans l’Intégrale Mozart (Vol. 8 CD1 plage 37 ). Les interprètes y ont retenu la version du texte “Heil dem Tag”.

Saint-Saëns – Offertoire

Partition

Justorum animae in manu Dei sunt,
Et non tanget illos tormentum mortis.
Visi sunt oculis insipientium mori,
Illi autem sunt in pace
Les âmes des justes sont entre les mains de Dieu,
Et les tourments de la mort ne les atteindront pas.
A la vue des pêcheurs, ils semblent mourir,
Mais ils reposent en paix.

Mendelssohn – Neujahrslied

Dans ce choeur (Op.88 n°1), Mendelssohn utilise une forme plus évoluée : tandis que les trois premières strophe du poème de Johan Peter Hebel (1760 – 1826) sont mises en musique de la même façon, la quatrième, suivant la courbe ascendante du poème, utilise une musique nouvelle conduisant a un sommet dramatique avant que l’œuvre se termine grâce au rappel consolateur du motif principal.

Partition

Mit der Freude zieht der Schmerz
Traulich durch die Zeiten,
Schwere Stürme, milde Weste,
Bange Sorgen, frohe Feste
Wandeln sich zur Seiten.

Und wo manche Thräne fällt,
Blüht auch manche Rose,
Schon gemischt, noch eh´ wir´s bitten
Ist für Thronen und für Hütten
Schmerz und Lust im Loose.

War´s nicht so im alten Jahr ?
Wird´s im neuen enden ?
Sonnen wallen auf und nieder,
Wolken geh´n und kommen wieder,
Und kein Wunsch wird´s wenden.

Gebe denn, der über uns
Wägt mit rechter Wage,
Jedem Sinn für seine Freuden,
Jedem Muth für seine Leiden
In die neuen Tage, .

La douleur, avec la joie,
Traverse tranquillement les temps.
Tempêtes furieuses, douces brises venues de l’ouest,
Graves tourments, fêtes joyeuses
Avancent côte à côte.

Et là où coule une larme,
Éclot aussi une rose.
Déjà décidé, et avant qu’on ne le sache,
Sont attribuées au trône et à la cabane
La douleur et l’allégresse.

N’était-ce pas ainsi l’an passé ?
Est-ce que cela va s’arrêter l’an prochain ?
Les soleils se lèvent et se couchent,
Les nuages s’en vont et reviennent,
Et aucune force n’y changera rien.

Que celui, qui au-dessus de nous
Tient la balance de la justice,
Donne à chacun le sens de ses joies,
Et le courage pour ses souffrances
Pour les jours à venir.

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